Projet de construction de six puits d'eau potable dans six villages.

20/04/2018

Le Problème d'Accès à l'Eau Potable : Un Défi Persistant pour la Province de Tanganyika, RDC

Introduction

L'eau potable est un droit fondamental pour chaque individu, mais en République Démocratique du Congo (RDC), et plus particulièrement dans la province du Tanganyika, cet accès reste une lutte quotidienne pour des millions de personnes. Malgré la richesse en ressources hydriques de cette province située au Sud-Est du pays, l'approvisionnement en eau salubre demeure un problème persistant qui touche principalement les zones rurales et périurbaines. Le paradoxe de Tanganyika réside dans le fait que bien que la province soit traversée par de nombreux cours d'eau et bénéficie d'un climat favorable à l'irrigation, l'accès à l'eau potable reste un défi majeur pour sa population.

Une province riche en eau, mais mal desservie

La province du Tanganyika est bénie par la présence de plusieurs grands lacs, notamment le lac Tanganyika, l'un des plus grands lacs d'Afrique, ainsi que de nombreuses rivières et affluents. Cependant, malgré cette abondance en ressources en eau, l'approvisionnement en eau potable est un problème majeur. Ce paradoxe peut être attribué à plusieurs facteurs, notamment l'absence d'infrastructures adéquates, la pollution des eaux superficielles, et des problèmes de gestion des ressources en eau.

Les causes du manque d'accès à l'eau potable

  1. Infrastructures insuffisantes et vétustes
    La majorité des infrastructures d'approvisionnement en eau potable dans la province sont soit inexistantes, soit dans un état de délabrement avancé. Les réseaux de distribution de l'eau sont souvent insuffisants, surtout dans les zones rurales et éloignées des centres urbains comme Kalemie, Moba et d'autres localités de la province. Les puits et les bornes-fontaines existants sont trop peu nombreux, mal entretenus ou non fonctionnels.

  2. Pollution des sources d'eau
    L'eau des rivières et des lacs, pourtant abondante, est souvent contaminée par les activités humaines. L'agriculture non contrôlée, les déversements d'eaux usées, le manque d'assainissement et l'exploitation minière illégale ont un impact direct sur la qualité de l'eau. Dans certaines régions, l'eau utilisée pour la consommation est polluée par des déchets domestiques, des produits chimiques, voire des métaux lourds provenant des activités extractives.

  3. Mauvaise gestion et absence de gouvernance
    La gestion des ressources en eau est souvent laissée à l'abandon en raison de la faiblesse des institutions locales et de la mauvaise coordination entre les différents acteurs. Les autorités provinciales et locales manquent de moyens pour mettre en œuvre une gestion efficace et durable de l'eau. Cela se traduit par une utilisation inefficace des infrastructures existantes et une absence de planification à long terme pour l'accès à l'eau potable.

  4. Inégalités d'accès selon les régions
    L'accès à l'eau potable est particulièrement limité dans les zones rurales. Si certaines villes comme Kalemie bénéficient d'un réseau d'approvisionnement, de nombreuses communes périphériques, villages et territoires isolés n'ont pas accès à une eau potable. Ce déséquilibre crée des disparités énormes dans les conditions de vie des habitants de la province.

Les conséquences dramatiques du manque d'eau potable

Le manque d'accès à l'eau potable a des conséquences graves pour la santé publique et le développement social et économique de la province. Les habitants, surtout dans les zones rurales, sont contraints de puiser de l'eau dans des sources non protégées, ce qui les expose à des maladies hydriques telles que le choléra, la dysenterie et la typhoïde.

Les enfants sont particulièrement vulnérables. Selon les données de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les maladies diarrhéiques, causées par la consommation d'eau non salubre, représentent l'une des premières causes de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans en RDC. La malnutrition, souvent exacerbée par la consommation d'eau de mauvaise qualité, affecte également le développement des enfants.

De plus, le manque d'accès à l'eau potable entrave le développement économique de la province. L'agriculture, principale source de revenu dans la région, souffre de l'irrégularité et de la qualité de l'eau disponible. L'absence d'irrigation adéquate et l'insécurité liée à l'eau affectent les rendements agricoles et limitent la production alimentaire.

Les initiatives et solutions possibles

MAMA ODARI met en œuvre un projet dont l'objectif est de construire des puits d'eau potable dans six villages présentant un grand nombre d'insuffisances, non approvisionnés en eau potable et enregistrant un taux de mortalité infantile élevé en raison de maladies hydriques. 

CONTEXTE

L'absence d'eau potable est à l'origine des maladies dites hydriques, la deuxième cause de mortalité infantile dans le monde. Ces maladies diarrhéiques et ces gastroentérites aiguës transmises par des virus, des protozoaires et des bactéries provoquent la mort par déshydratation, surtout chez les enfants âgés entre 1 et 5 ans.
Les sécheresses y sont de plus en plus fréquentes et les services d'approvisionnement en eau de nombreuses régions sont inappropriés.

PROJET

Dans notre province de Tanganyika, plus d'un million personnes n'ont pas accès à l'eau potable et 2 800 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de maladies diarrhéiques évitables provoquées par la mauvaise qualité de l'eau et du réseau d'assainissement. Pour faire face à la situation qui se caractérise de plus en plus par des sécheresses et des services d'approvisionnement en eau inappropriés dans de nombreuses régions, le projet se focalise sur la réalisation d'activités de sensibilisation de la population, sur l'identification des zones de construction des puits et sur la préparation du terrain, mais également sur l'exécution du forage, la mise en place des pompes et les essais microbiologiques.
Par ailleurs, l'organisme se charge de la dispense de formations sur les habitudes d'hygiène ainsi que du suivi et de l'évaluation des différentes phases du projet.
Les objectifs poursuivis consistent à réduire le taux de maladies hydriques ainsi que la mortalité infantile, mais également à accroître les chances de loisir et de pratique d'activités sources de revenus parmi les femmes.

BÉNÉFICIAIRES

Le nombre total de bénéficiaires s'élève à 8.500 personnes, dont 2.500 bénéficiaires directs, qui ne sont autres que les femmes et les jeunes filles habitant les six villages concernés par le projet, qui verront leur distance à parcourir pour accéder à de l'eau potable réduite à moins d'un kilomètre (à l'heure actuelle, ces personnes peuvent parcourir jusqu'à 5 km en transportant une charge d'environ 20 kg).
Les hommes âgés entre 15 et 65 ans ou plus, en charge des activités agricoles et d'élevage, font quant à eux partie des bénéficiaires indirects. Grâce à la construction des puits, les animaux bénéficieront d'un accès à l'eau puisque ces installations seront équipées d'abreuvoir permettant de récupérer l'excédent d'eau.